L'intelligence d'être malheureux

Je lisais dernièrement une interview d'un artiste auteur acteur que j'aime vraiment beaucoup, mais avec lequel je suis de moins en moins d'accord (et ça lui fait bien une belle jambe au passage ^^ ). L'idée de ce post ce soit n'est pas de parler de lui ou de penser une seconde que mon avis puisse avoir un quelconque intérêt pour lui, mais plutôt de rebondir sur une phrase tirée de cet interview, et d'en profiter pour vous expliquer pourquoi je ne suis pas d'accord. voila la phrase en question:

 

 

"On devrait enseigner ça aux enfants, plutôt que la performance. Un mec qui va bien tous les jours, ce n’est pas un héros, c’est un crétin."

 

 

Décortiquons cette phrase. Que faut il enseigner aux enfants (et du coup aux futurs adultes) ? Qu'il est normal que ça n'aille pas dans la vie. Que c'est une situation normale dans la vie qu'elle soit difficile, dure, complexe, fatigante, déprimante et potentiellement créatrice de tristesse. Et donc qu'il est normal de ne pas aller bien. Qu'il est normal de se sentir mal. Alors oui, on rajoute "tous les jours derrière" , certes, pour nuancer un peu.

 

 

Et encore lui pour le coup il a de bonnes raisons d'être triste.
Et encore lui pour le coup il a de bonnes raisons d'être triste.

 

Mais l'idée derrière cette phrase c'est quoi ? C'est pour moi l'idée terrible qu'il n'y a que les crétins qui peuvent aller bien, et comme personne n'a envie d'etre assimilé à un crétin, alors c'est la que s’opère le raisonnement terrible:

 

*si je vais mal, c'est en quelque sorte une preuve que je ne suis pas un crétin*

 

A partir de la pourquoi vouloir aller mieux, puisqu'il est plus intéressant socialement parlant d'aller mal? Comment vouloir régler des choses dans sa vie, avancer, trouver ce qui nous fait vibrer et qui nous rend heureux, si on risque de devenir un crétin?

 

Moi qui suis artiste illustratrice, je me suis posée la question un jour, très sérieusement, dans une période ou les choses dans ma vie ont commencé à se débloquer:

"vais je pouvoir continuer à créer sans être malheureuse ?"

 

Pour beaucoup (trop) de gens, la tristesse, la mélancolie, tout ça possède un certain "cachet". Ça donne du romantisme, tiens. Ça donne de la contenance, de la prestance. Quelqu'un qui va bien, c'est chiant.

 

 

 

Oui mais non, la vraie phrase, le vrai sens derrière tout ça ce n'est pas de dire "quelqu'un qui va bien c'est chiant" mais c'est "quelqu'un qui va MIEUX QUE MOI c'est chiant".

 

C'est TOUTE la différence. On vit dans une société qui érige le malheur en normalité et se moque de celui qui va bien. Faites le test, arrivez un jour au travail avec un sourire jusqu'aux oreilles, les gens vont vous regarder d'un air soupçonneux, ou en tout cas vous demander ce qui peut bien vous arriver pour sourire "sans raison". Par contre si vous faites plus ou moins la tête, ou va peut être vous laisser tranquille.

 

On me dit souvent "toi tu as toujours le sourire" comme si c'était quelque chose d'improbable.

 

moi tous les jours, vu par les autres personnes qui me croisent.
moi tous les jours, vu par les autres personnes qui me croisent.

 

Ce n'est pas improbable, ce n'est pas infaisable, c'est un choix. Le choix d'aller mieux, le choix de sourire à la vie, le choix de ne pas me laisser emm***** par les petites choses qui des fois, oui merdouillent dans la vie. Parfois il y a des grosses choses qui merdouillent. Certes, mais non, pas tout les jours. Et même pas toutes les semaines.

 

 

Mais si on veut aller mieux, si on veut que les gens aillent mieux, il faut arrêter de faire croire que souffrir, se sentir mal, être déprimé (je ne parle pas d’être dépressif, ce n'est pas la même chose) est "normal" et que aller bien est le signe d'un esprit un peu trop bête.

 

Arrêtons de penser que pour paraître intelligent il faut avoir l'air malheureux.

 

Non, celui qui va bien tout les jours n'est pas un crétin. Cela peut être quelqu'un qui apprend, a la suite parfois d'un long travail, à "faire équipe avec la vie" qui ne va plus contre elle mais avec elle, qui a appris a dénicher les mille choses qui peuvent faire sourire chaque jour, plutôt que les 10 choses qui peuvent nous rendre triste.

 

Etre heureux n'est pas une tare, être heureux n'est pas être abruti. Il faut apprendre aux enfants justement qu'être heureux ça se travaille, ça s'apprend, et que c'est vachement plus chouette à vivre.

Et surtout, ce n'est pas parce qu'on ne l'est pas soit même que ceux qui le sont sont des crétins :)

 

 

SOYEZ HEUREUX !
SOYEZ HEUREUX !